Peu à peu, les Romains s’installent.
C’est la paix romaine, la croissance économique. Des villas sont
construites dans des lieux favorables et fertiles. Une villa est
une grosse installation, c’est un centre de vie complet. On y
trouve tous les métiers associés. Les burgondes sont arrivés ensuite
progressivement. Ils s’installent sur les domaines agricoles dévastés
ou abandonnés. L’historien Grégoire de Tours, passant par là au
VI siècle, écrit : " les terres y sont fertiles et fécondes
avec une grande et opulente récolte "(Historia Francorum).Il
n’y a pas encore d’agglomération. Le pays dijonnais ou pagus est
tenu par le comte burgonde Manassès de Vergy en 877. Il possède
l’Oscheret ou plaine de l’Ouche. Les historiens y reconnaissent
le territoire d’une rouvraie, le lieu des chênes : RORIACUM. Ce
serait le territoire de Rouvres, des chênes rouvre, au pluriel
ROBORA. Puis par une suite de déformations ROBORIS (937), ROVRA
(1208), ROVRE? ROUVRE (1215).
C’est alors que se construisent les premières
Mottes-Fortes, installations défensives rustiques réduites
à une butte de terre surélevée entourée d’une grossière palissade
de pieux et de fossés en eau ou sans eau avec quelques hommes
en position défensive ou de guet. Jusqu’au XIII siècle, le territoire
et ses occupants est partagé, acheté, échangé entre de nombreux
propriétaires, spécialement des ordres religieux : Bonvaux, Saint
Seine, Epoisse, Notre Dame de Beaune. En 1174, le pape Alexandre
II décide que le doyen de Beaune doit nommer un desservant et
7 mépartistes.
Les premiers ducs capétiens ont fini
par acquérir la motte-forte de Rouvres. Une forteresse se construit
avec murs très épais, habitation centrale ou donjon, et dépendances
à l’abri des murs. On ne sait ce qu’était la première église.
Où était-elle ? A-t-elle été détruite ? Etait-elle trop petite
puisque les manants avaient pris l’habitude de se rendre aux offices
de la chapelle castrale. Ce que indisposait fortement les occupants
du château. C’est pourquoi la duchesse Alix de Vergy décide en
1232 de construire une église suffisante pour que les manants
ne viennent plus à la chapelle du château. Le village est devenu
important avec 750 feux. Les ducs capétiens se déplacent d’une
forteresse à l’autre, dans la Bourgogne en formation. Il faut
fortifier le château. L’Oucherotte, alors abondante, voit son
cous naturel bien entretenu par les manants taillables et corvéables.
Mais une " grande affaire " pour la communauté
fut l’octroi de la charte aux habitants
en 1215 par le duc Eudes III, la première charte rurale
en France. Les manants ne furent plus " taillables et
corvéables à merci " moyennant une redevance annuelle
assez lourde mais supportable au début quand les mesures étaient
précisées : 1000 setiers moitié avoine, moitié froment. Cette
redevance appelée " la matrosse " par les
habitants car elle était souvent remise à la châtelaine ou maîtresse
en l’absence de l’époux souvent en déplacement, fut rapidement
une source de conflits. Alors les habitants commencent à fuir
le village où les charges deviennent insupportables et les 1000
émines ne peuvent être livrées. Il faut demander des reports de
dette ou de réductions de la redevance. Des différents surgissent
et la peste fait des ravages. La population diminue. En 1308 :
575 feux ; 1431 : 123 feux ; 1469 : 99 feux ; 1666 : 37 feux.
A ces malheurs s’ajoutent les exactions des chefs de bande. En
1356, un Franc-Comtois, Thibaud de Faucogney pille, brûle le village.
Le 23 novembre 1361, le dernier duc de la
famille capétienne Philippe I dit de Rouvre, car né à Rouvres
en 1346, meurt de la peste au château.
L’épidémie ravageait la contrée. Le roi de France Jean le Bon
prend possession de la Bourgogne car le duc n’a pas de descendant.
Jean le Bon remet la Bourgogne à son fils Philippe le Hardi qui
prend immédiatement pour épouse Marguerite de Flandre, veuve de
Philippe de Rouvre. Ils s’installent à Rouvre en 1369 et font
d’importants travaux au château. En 1414, le duc Jean sans Peur
renforce considérablement le château. C’est la guerre de Cent
ans. En 1416, Marguerite de Bavière épouse de Jean sans Peur fait
construire une énorme tour dite tour Marguerite. Les fondations
sont restées longtemps apparentes.
Cette tour symbolisant la force, associée au chêne robustesse,
a donné le blason de Rouvres. En 1485, un incendie ravage la charpente
de l’église. La nef s’effondre et est reconstruite difficilement
car les finances manquent.
Après la mort du quatrième duc Valois,
Charles le Téméraire, en 1477, au combat de Nancy, Rouvre perd
de son importance. Les attachés au service de château quittent
le village. Le roi Louis XI, qui s’est emparé de toutes les
possessions ducales, remet le château et les terres à différents
personnages, le plus connu étant Jacques COITTIER son barbier
(médecin). La seigneurie passe ensuite aux Condé puis au roi de
France en 1767.
La Révolution arrive. Rouvre devient
chef lieu d’un canton d’une douzaine de communes avec un président
ROBIN et 12 assesseurs. Le gouvernement nomme un syndic COURTIER.
Ce canton sera supprimé sous l’Empire. Il y a des réquisitions
pour l’armée de la République : grains, foins... L’abbé Pierre
Proteau prête le serment constitutionnel. L’abbé Garnier de Fauverney
abandonne les ordres, se marie avec une soeur de Genlis et devient
juge de paix à Rouvre. Un révolutionnaire convaincu, le citoyen
BARTET institue le culte de la Raison, demandé par Robespierre.
L’église devient Temple décadaire avec cérémonie à chaque décadi.
La présence était obligatoire sous peine d’amende. Pour commencer
la cérémonie, les enfants des écoles chantent la Marseillaise.
Ils finissent par l’Invocation à l’Etre suprême. La croix gothique
du cimetière est abattue. Il ne restera que le socle.
Au retour de Louis XVIII en France,
un maire est nommé à Rouvres. C’est un ancien émigré Jean Jacques
Guenichot de Nogent, déjà maire à la fin de l’empire. Il fait
planter un orme sur la place qui s’appellera place Bourbon pour
célébrer le retour des Bourbons sur le trône. Il avait prêté serment
de fidélité à l’empereur puis à Louis XVIII. Sous le nouveau roi
Louis-Philippe, le nouveau maire Robert PROTEAU fait arracher
l’orme Bourbon qui est remplacé par un peuplier. La place devient
place de la réunion. Le maire suivant, Julien FICHOT, prête successivement,
et avec la même conviction, le serment de fidélité au roi, à la
République, puis à l’Empire. Il fit construire la maison dite
" Les Tourelles ".
Une école est construite en 1834 pour les
garçons. Puis une mairie sera construite en 1869 dans le
prolongement de l’école. En 1873, le terrain contigu à l’école-mairie
est acheté pour faire le jardin de l’instituteur. Ce terrain sera
aménagé en place publique en 1920 pour y construire le Monument
aux Morts. En 1836, la fille du maire, Anne PROTEAU, déclare au
conseil municipal qu’elle désire ouvrir une école libre de filles.
Mais le conseil décide que cette école sera communale et qu’il
assurera " un sort convenable à l’institutrice ".
La Municipalité achète une maison en 1842 qui servira à la fois
de logement et d ’école. En 1865, ce bâtiment est rallongé
pour faire une salle de classe.
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